THINKING FORWARD
Cycle de conférences
En étroite collaboration avec le Master en Arts du Spectacle
et le CiASp | Centre de recherche en cinéma et arts du spectacle vivant de l’ULB
Dans le cadre de « 2018. Année de la Contestation »,
une initiative de la Ville de Bruxelles
S’associant avec plaisir à la célébration et à la réflexion que la Ville de Bruxelles a lancées autour du cinquantième anniversaire de Mai 68, Les Brigittines proposent quatre conférences qui analyseront la signification de cet événement central de notre histoire récente mais qui évoqueront également la contestation et la contre-culture et aussi la façon dont les avancées et les ouvertures d’alors peuvent trouver un écho aujourd’hui : interrogations et urgences orientées sur les questions sociales et écologiques.
22.02.2018 – 17:00 > 19:00 – en français
1968 : contestations, engagements, émotions
Ludivine Bantigny
Ludivine Bantigny propose d’explorer l’événement 1968 sous l’angle de la contestation en tant qu’elle interroge l’établi et brise ses évidences. Le mouvement social et la grève générale sont alors pétris d’émotions et font de l’événement une expérience sensible, où le corps même est engagé.
Les mots majeurs de 1968 – on dirait les maîtres mots s’il n’était question justement de déloger les maîtres et la domination – sont ceux de contestation et d’insubordination. Les protagonistes des barricades et des occupations prennent le temps, ce temps que la grève laisse, ce temps si différent, pour lézarder l’écorce des conventions sociales. Les imaginaires contestataires rompent avec le tout-venant de ce qui va de soi, pour mieux révéler en quoi il ne va pas. Les classements et les hiérarchies sont interrogés, comme le sont les identités. Des potentialités s’entrouvrent et laissent apercevoir ce que pourrait être un monde différent. 1968 est pétri d’expériences sensibles et affectives : émotions politiques s’il en est, dans la joie de bousculer l’ordre des choses, de rire au nez de ce monde et de l’imaginer autrement ; émotions politiques aussi dans la frayeur de certains et les tensions attisées. Il s’agit donc de donner plein crédit à ce qui est éprouvé, imaginé et ressenti.
Ludivine Bantigny est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Rouen. Sa thèse de doctorat a porté sur la jeunesse dans les années 1950 et 1960 en France : Le plus bel âge ? Jeunes, institutions et pouvoirs en France des années 1950 au début des années 1960. Ses thèmes de recherches concernent en particulier l’histoire du genre, l’histoire de l’engagement et l’histoire des jeunesses et des générations. Son dernier ouvrage explore et revisite l’année 1968 : 1968, de grands soirs en petits matins (Paris, Seuil, 2018).
01.03.2018 – 17:00 > 19:00 – en français
L’énigme de Mais 68. Un mouvement contre-culturel international
Christophe Bourseiller
Bien loin de se cantonner au seul Mai français, l’année 1968 est marquée par une révolte générationnelle internationale.
Mais pour quel but ?
Comment expliquer la révolte générationnelle et internationale de 1968 ? De Paris à Bruxelles en passant par Prague, Rome, Berlin-Ouest, Mexico, San Francisco, Amsterdam, Copenhague, Milan, on voit éclore un mouvement de contestation juvénile inédit.
Plusieurs questions se posent : pourquoi la génération qui a vingt ans en 1968, et seulement elle, descend-elle dans la rue ? Qu’est-ce qui caractérise cette génération spécifique ? On n’a pas observé par la suite un soulèvement de la jeunesse de même ampleur.
Quelles sont les revendications des contestataires ? Elles portent avant tout sur la vie quotidienne et sa libération.
Et quelle forme la révolte emprunte-t-elle ? Celle d’un dispositif inédit, que l’on désigne sous l’intitulé de la contre-culture. En quoi le phénomène apparaît-il pour la première fois ?
Que reste-t-il enfin de cette poussée de fièvre mondiale et simultanée ? Doit-on tresser des couronnes au Mai français ? Quel bilan aujourd’hui ?
La fête semble momifiée. Seul demeure le souvenir lointain d’un instant de bave.
La machine à récupération a-t-elle rempli sa fonction ?
Historien, écrivain et comédien, Christophe Bourseiller est l’auteur d’une trentaine de livres. Nombre d’entre eux portent sur les mouvements d’extrême gauche et les contre-cultures. Acteur, il a tourné dans une vingtaine de films, sous la direction de Jean-Luc Godard, Yves Robert, Pierre Jolivet, Jacques Demy, ou Claude Lelouch.
15.03.2018 – 17:00 > 19:00 – en français
L’incendie du négatif. Le théâtre à l’épreuve de la radicalité
Olivier Neveux
Il est acquis désormais que « tout théâtre est politique ». L’affirmation permet de délester la politique de son lot d’orientations, de pratiques, de choix et de clivages, d’alliances et d’organisation. Il est peut-être moins consensuel mais plus productif d’interroger ce que la politique peut, en ces cas, désigner. Et, dès lors, choisir celle qui s’avère la plus à même d’orienter notre présent.
Il s’agira donc de revenir sur une histoire valeureuse mais opprimée, plus riche et plus diverse qu’on ne le dit : celle d’un théâtre qui n’a cessé de « dire non » et qui s’est inventé en conséquence : formes, public, adresses, récits. En ces temps de commémoration souvent embaumante et opportuniste de 68, l’idée est d’interroger ce qui subsiste et peut encore inspirer, encourager, au théâtre, la nécessité vive de « tenir le non » et d’habiter le négatif d’un monde insupportable – et cependant supporté.
Olivier Neveux est Professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’Ens de Lyon. Il est rédacteur en chef de la revue Théâtre/Public. Il est l’auteur, notamment, de Théâtres en lutte, Le théâtre militant en France des années 1960 à aujourd’hui (La Découverte, 2007), Politiques du spectateur. Les enjeux du théâtre politique aujourd’hui (Editions La Découverte, 2013) et plus récemment de Le Théâtre de Jean Genet (Ides et Calendes, 2016).
22.03.2018 – 17:00 > 19:00 – en français
Une révolution écologique
Razmig Keucheyan
La transition écologique qui s’annonce suppose de savoir distinguer entre des besoins « essentiels », que les sociétés vont continuer à satisfaire, et des besoins qu’il faudra écarter, car ils sont néfastes au plan environnemental. Mais comment parvenir à établir cette distinction et quel sens a-t-elle politiquement ?
Aux quatre coins du monde, les catastrophes naturelles se multiplient. Qu’on le veuille ou non, la planète va subir une transition écologique. La question est de savoir si elle sera chaotique – certains n’hésitent pas à parler d’ « effondrement » – ou si les sociétés pourront garder un contrôle sur cette transition. Une transition écologique maîtrisée suppose, entre autres choses, de parvenir à distinguer entre des besoins que nous allons continuer à satisfaire, des besoins « essentiels », et des besoins qu’il faudra écarter, car ils ne sont plus soutenables sur le plan environnemental. Mais comment parvenir à établir cette distinction ? Dans cette conférence, on relira certaines théories révolutionnaires du passé pour trouver des éléments de réponse à cette question.
Razmig Keucheyan est professeur de sociologie à l’université de Bordeaux. Il est notamment l’auteur de Hémisphère gauche. Une cartographie des nouvelles pensées critiques (la Découverte, 2010), et de La nature est un champ de bataille. Essai d’écologie politique (la Découverte, 2014). https://razmigkeucheyan.wordpress.com
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Entrée libre – réservation conseillée
Les Brigittines
T. +32 (0)2 213 86 10 – ticket@brigittines.be – www.brigittines.be
Petite rue des Brigittines
1000 Bruxelles