Festival LEGS

Festival LEGS

Charleroi -Danse
17 >28 avril 18

La danse, prétendument art de l’éphémère, n’aurait-elle donc aucune mémoire ? Ne serait-elle qu’émergence perpétuellement recommencée, gestes infiniment sortis de la cuisse de Jupiter, mouvements oublieux de tout héritage, jeunesse des corps se consumant sous les feux de la scène ? Certes, pour paraphraser René Char, on pourrait dire à propos de toute création que « l’acte est vierge, même répété ». Mais la mémoire est aussiacte de création. L’Histoire est constituée de faits, de dates, mais aussi de témoignages, d’interprétations et de représentations (livresques, picturales, audio-visuelles). Comme toute Histoire, celle de la danse, qui continue de s’écrire au présent, est tramée de continuités et de ruptures. Quelles furent les sources du ballet classique, et qu’est-ce qui continue d’opérer dans l’imaginaire contemporain, notamment occidental ? Quelles sont les traces laissées par les pionniers de la danse moderne, et de quelle façon ces traces, qu’il faut parfois exhumer, nous parlent-elles encore ? Comment certaines danses traditionnelles, « exotiques », ont-elles pu inspirer les balbutiements de la danse moderne ? Et, sur une période plus récente, quel héritage actif laissent certaines performances issues de la postmodern’dance ? Ou encore, quelle part de transmission vient prolonger l’œuvre d’artistes récemment disparus ?Le champ d’investigation est multiple. Ces dernières années, de nombreux danseurs-chorégraphes s’y sont passionnément impliqués. De reconstitutions documentées (Le Sacre du printemps et autres pièces fondatrices des Ballets russes, comme s’y est engagée Dominique Brun) en reenactments, de citations plus ou moins explicites en libres hommages à tel ou tel artiste, le « musée de la danse » (pour reprendre l’intitulé donné par Boris Charmatz au Centre chorégraphique de Rennes) ne cesse de s’enrichir d’apports sensibles. Avec la première édition de LEGS*, où résonneront les figures de Ruth St. Denis et Ted Shawn, de Valeska Gert, de Dore Hoyer, de Léon Bakst – décorateur des Ballets russes -, mais aussi celles plus inattendues du compositeur Moondog ou encore d’un rituel du Kerala indien ; tout autant qu’une pièce d’Alain Buffard réactivée trois ans après sa disparition, Charleroi danse s’affirme comme pôle structurant d’une création chorégraphique douée de mémoire(s).